Voici la déclaration préalable du SNUipp des Côtes d’Armor à la CAPD du 30 mai 2006 :

"Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

A la rentrée, vous avez souhaité apporter un certain nombre de modifications aux règles du mouvement départemental. Fort d’une consultation large de la profession, le SNUipp, syndicat majoritaire dans le département, vous a fait part de réserves à propos de certaines modifications. Au final, il ne nous a semblé pas avoir été pleinement entendus. Très critiques vis à vis de la circulaire du mouvement 2006 au moment de sa parution, il nous semble normal de dresser, à mi-parcours du mouvement 2006, un bilan de la première phase du mouvement.

Mais avant d’entrer dans le détail, nous tenons à remercier les personnels de DIPER pour tout le travail effectué jusqu’ici et notamment à saluer la qualité de l’écoute dont il/elles font preuve à notre égard.
N’en déplaise à ces derniers, nous commencerons par une modification qui nous a été présentée comme une avancée, servie avec des slogans du type « il faut vivre avec son temps »... l’informatisation du mouvement. Force est de constater que si cette modification constitue à juste titre une avancée pour le travail du service, adaptant l’outil de travail à un effectif de plus en plus réduit, elle est loin de faire l’unanimité dans la profession.

Toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne en matière d’informatique. Nous pouvons vous citer le cas d’une école dans ce département où les collègues bataillent depuis janvier auprès de leur mairie pour faire réparer l’ordinateur infesté de virus, sans parler de nombreux collègues qui ne disposent pas d’outils performants leur permettant par exemple de se connecter rapidement. Il ne s’agit pas d’« arriérisme » de la part des collègues concernés, comme vos propos, Monsieur l’Inspecteur d’académie, ont pu le laisser entendre en novembre 2005, mais tout simplement une question de moyens. L’inégalité de fonctionnement entre les écoles n’est pas une lubie syndicale.

L’instauration d’un barème pour situation de repli et la suppression du mouvement +1 minute, véritable phase manuelle au sein du mouvement, témoignent eux aussi en quelque sorte de cette informatisation poussée du mouvement.

Cependant, pour les situations de repli, l’informatisation n’aura pas empêché un passage obligé par un GT (groupe de travail), comme précédemment, pour déterminer au cas par cas les P1 (priorités absolues), les conditions d’attribution des majorations, ce qui a pu susciter ici et là des contestations. La suppression définitive de certains postes mérite à coup sûr que nous nous re-penchions sur la question avant le mouvement 2007. En définitive, l’argument « gain de temps » s’est avéré sans fondement, du moins pour cette année.

Mais le plus important est que ce système, censé révolutionner les replis, les rendre plus équitables, plus justes, et surtout plus transparents (or la définition des P1 nous a démontré qu’il n’en était rien puisqu’il nous a fallu définir de nouvelles règles, non portées à la connaissance de tous dans la circulaire), se solde par cinq échecs, ce qui n’était encore jamais arrivé jusqu’ici dans notre département. Nous avions annoncé que le nouveau système revenait en fin de compte à exonérer l’Inspecteur d’académie de son obligation de retrouver un poste équivalent au collègue victime d’un suppression de poste. C’est ce qui s’est passé pour cinq de nos collègues. Plus grave, il semble qu’à la lecture de certaines fiches de vœux, l’administration ait leurré nos collègues en leur donnant l’illusion que cette majoration leur permettrait d’obtenir des postes plus "côtés", une plus grande liberté dans leurs choix. Comme avec l’ancien système, les priorités jouent à la marge, le barème permettant en règle générale aux collègues d’obtenir un poste sans faire jouer leur priorité. Là où la priorité devient nécessaire, notamment pour les barèmes les plus faibles, ce système par points ne garantit pas au collègue de retrouver un poste. C’est la raison pour laquelle nous estimons qu’il est injuste.

Pour autant, si les situations de replis ne concernent qu’une minorité de collègue, que dire de la suppression du mouvement + 1 minute : les 37 postes de directions et les 36 postes "classe" d’AIS, vacants à l’issue du premier mouvement, parlent d’eux-mêmes. Ce sont autant de situations instables créés intentionnellement par notre administration, au détriment des écoles, des communes ou des établissements concernés. Les efforts consentis tant par l’administration que par les délégués des personnels, notamment pour rattraper quelques situations en établissements spécialisés montrent combien un peu moins de précipitation en novembre ou d’empressement à vouloir tout informatiser auraient permis d’éviter un tel gâchis.

Le mouvement + 1 minute permettait également aux sortants d’IUFM de choisir dès le premier mouvement une direction ou un poste d’AIS, ce qui augmentait leurs chances d’obtenir un poste tôt dans l’année. Entre choisir une direction ou un poste d’AIS début juin et pouvoir s’y préparer, prendre contact... et se voir imposer après le second mouvement un tel poste resté vacant, c’est un joli cadeau qui vous leur faites là.

Le SNUipp réclame bien entendu le rétablissement pour le mouvement 2007 des règles antérieures concernant ces deux points, les situations de replis et le mouvement + 1 minute. Nous espérons que cette fois-ci, vous prêterez une oreille un peu plus attentive à nos revendications et à celles de la profession que nous représentons.

Le tout informatique a un autre inconvénient : c’est celui de confisquer une partie du contrôle des opérations du mouvement aux commissaires paritaires. Je m’explique. Jusqu’en 2004, les délégués des personnels disposaient de documents papiers en nombre suffisant leur permettant d’assumer pleinement la mission de contrôle qui est la leur. Les groupes de travail permettaient alors de reprendre manuellement un certain nombre de situations qui n’avaient pas pu être traitées correctement par l’ordinateur. C’était certes laborieux pour tout le monde mais ce mode de travail permettait aux délégués de comprendre le fonctionnement du mouvement et d’en expliquer ensuite toutes les subtilités à la profession. L’an dernier, vous avez commencé par supprimer les groupes de travail. Cette année, à la demande des délégués des personnels, vous les avez rétablis mais en les vidant de tout leur sens. Depuis deux ans, le mouvement se résume à ceci : les délégués font remonter d’éventuelles erreurs que l’Administration réintroduit dans la machine pour un énième tirage papier. Des échanges plus nourris, une approche plus technique en GT des situations particulières permettraient probablement d’éviter ce jeu du chat et de la souris, sans parler du gaspillage de papier que cela induit. Nous distribuer en GT un document où ne figurent que les postes obtenus et à défaut, les premiers vœux, comme ce fut le cas hier, rend impossible toute vérification, donc tout travail de préparation (sans compter que les outils de travail manquants, que vous nous aviez promis pour 16h, ne nous sont parvenus qu’à 18h, ce qui a laissé, vous en conviendrez, peu de temps pour faire remonter aux services d’éventuelles erreurs avant la CAPD d’aujourd’hui).

Un dernier exemple pour montrer l’absurdité de ce fonctionnement : lors de la CAPD « postes particuliers », nous avons eu le sentiment de revivre en un peu plus édulcoré le GT qui a précédé. Il nous aurait semblé normal que lors de la CAPD, vous procédiez aux nominations sur postes particuliers puisque lors du GT, nous avions déjà eu lecture du document. Nous sommes sortis de là avec un profond sentiment de perte de temps pour tout le monde. Le paritarisme n’est pas un luxe, c’est un droit. Si vous avez décidé de le supprimer, ou de le rogner, autant nous le faire savoir tout de suite. Si par contre, comme nous, vous estimez que le paritarisme contribue à un meilleur fonctionnement de l’administration, nous attendons de votre part un peu plus de considération professionnelle.

C’est justement cette considération professionnelle qui fait cruellement défaut en ce qui concerne ce dernier point, qui ne relève pas du mouvement. Vous venez d’adresser aux enseignants ayant en charge les CM2 de ce département un protocole d’évaluation en langue vivante étrangère. Nous nous sommes renseignés au niveau académique et au niveau national : ce protocole semble être une évaluation départementale. Je dis bien « semble être » car les délégués des personnels ont une nouvelle fois été tenus à l’écart de toute concertation, mis devant le fait accompli. Consultés, nous vous aurions fait part d’un certain nombre de réserves. Nous aurions probablement consulté la profession sur les conditions de faisabilité d’une telle évaluation. Attendre la fin de l’année pour faire passer avec sérieux une telle évaluation à des CM2, c’est bien mal connaître la réalité de ce niveau d’âge. Si tous les collègues estiment aujourd’hui qu’il est aberrant de communiquer dès la fin mai aux familles l’orientation (passage au collège ou passage de cycle) de leur enfant pour l’année suivante, comme l’exige leur administration, il y a une raison : c’est que le passage en poche se traduit généralement par un relâchement en classe, une certaine démotivation malgré le programme non terminé, très perceptible en CM2. Demander dans ces conditions aux collègues de faire passer une telle évaluation, c’est ne laisser aucun doute sur les conclusions que notre administration souhaite en tirer...

De plus, nos collègues ayant pour la plupart épuisé leur temps de concertation, la correction des copies, l’entrée des résultats dans Jade... se feront sur leur temps personnel, en sus de la préparation des kermesses ou autres manifestations réellement vitales pour les écoles, notamment lorsqu’elles contribuent financièrement à la réalisation de projets pédagogiques...

Epargnez-nous les éventuelles compensations en fonction des moyens... toujours promises, rarement réalisées.
Nous aurions également aimé être informés de la finalité de cette évaluation départementale...

Notre propos ici n’est pas de remettre en question cette finalité. Nous constatons juste que notre administration départementale a une nouvelle fois bâclé un dossier et compromis sérieusement les chances de le mener efficacement avec l’accord des collègues concernés et des délégués du personnel. Nous serions curieux de connaître le coût final d’une telle opération vouée à l’échec. Il est vrai que la LOLF permet ce genre d’écart en supprimant de manière illégale les remplacements en SEGPA et EREA."

compte-rendu CAPD «mouvement» 2006

compte-rendu CAPD «mouvement» 2006